Ouest-France le 11/01/2023

« J’aimerais payer mes impôts ici » : sa demande d’asile déboutée, cette famille se cherche un toit


Le 31 décembre, Ibrahim, Fatoumata et leurs deux enfants ont dû quitter leur logement après avoir vu leur demande d’asile déboutée. L’Association des parents d’élèves de l’école Jean-Nicolas et Cent pour un toit pays de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) lancent un appel pour les soutenir.

Fatoumata Mara et Ibrahim Soumahoro sont arrivés en Bretagne il y a plus de quatre ans. Deux enfants y sont nés depuis. | OUEST-FRANCE

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La mine grave, Fatoumata Mara et Ibrahim Soumahoro entrent dans la galerie commerciale du Géant, à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), en habitués. Après avoir salué plusieurs voisins et amis sortant du supermarché, ils s’assoient sur un banc pour raconter leur histoire. Ils auraient bien ouvert les portes de chez eux à Ouest-France, mais un « chez eux », ils n’en ont plus.

Le 31 décembre, la petite famille de quatre a dû quitter son logement après avoir reçu une réponse défavorable à sa demande d’asile. Pas de trêve hivernale pour eux, ils ont donc rendu l’appartement financé par l’Office français de l’immigration (OFI) et vivent depuis chez des amis, séparément, en attendant une solution. Pas question pour l’instant de quitter la Bretagne, où ils vivent depuis plus de quatre ans. On a fondé une famille, nos enfants sont nés ici. Il ne nous reste rien dans nos pays respectifs​, se désole Ibrahim.

Très motivés à l’idée de travailler

Ibrahim, originaire de la Côte d’Ivoire, quitte son pays alors qu’il n’est qu’un adolescent. Il fuit la guerre qui l’a rendu orphelin et trouve refuge en Guinée. Mes parents sont morts pendant la guerre, je n’ai plus de famille. Ma famille, c’est ma femme et mes enfants​, raconte le jeune homme. C’est dans ce pays voisin qu’Ibrahim va rencontrer Fatoumata, et c’est le coup de foudre. Mais l’histoire d’amour tourne mal, le père de Fatoumata ne voit pas l’union d’un bon œil et les menace. On a continué à se voir en cachette, mais Fatoumata est tombée enceinte. Si on voulait garder le bébé, il fallait qu’on parte.

​Ils tentent alors un pari fou : émigrer en France. Et après Lorient et Saint-Malo, les voilà arrivés à Saint-Brieuc, où vont naître leurs deux enfants. Mais depuis, leur situation est bloquée et leur plus grande frustration est de ne pas pouvoir travailler. « Il y a un Ephad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) tout près d’ici qui était prêt à m’embaucher, raconte Fatoumata. Mon entretien d’embauche s’est très bien passé, la dame a apprécié ma motivation. Mais elle a finalement renoncé parce que je n’ai pas de papiers…

Même son de cloche du côté de son compagnon, qui postule dans des entreprises du bâtiment. Deux secteurs en tension qui cherchent à embaucher sans trouver de candidats.

Les Briochins font jouer la solidarité


Je ne suis pas malade, je suis valide, je veux travailler ! La France m’a tout donné, mes enfants vont à l’école… J’aimerais être déclaré et payer mes impôts. Participer !​, s’exaspère Ibrahim, qui enchaîne les petits boulots au noir. Sans l’aide de l’OFI, la famille se retrouve aujourd’hui sans revenus stables.

C’est sans compter la solidarité des Briochins. Face à la situation difficile de la famille, l’Association des parents d’élèves de l’école publique (APEEP) Jean-Nicolas, où le plus âgé des deux enfants est scolarisé, et Cent pour un toit pays de Saint-Brieuc se sont mobilisées pour les aider à trouver un logement. L’appel est lancé : tous les dons sont les bienvenus afin de parvenir à financer un loyer !

Si vous voulez aider la famille d’Ibrahim et Fatoumata, vous pouvez contacter Cent pour un toit pays de Saint-Brieuc : 100pour1toit.sb-l@laposte.net et l’APEEP Jean-Nicolas : apejn22@gmail.com / Vincent Corre, tél. 06 64 31 73 83.

Date de dernière mise à jour : 19/10/2023