Article du télégramme : https://www.letelegramme.fr/cotes-d-armor/saint-brieuc-22000/journee-des-migrants-et-loi-immigration-une-cruelle-ironie-pour-ces-associations-costarmoricaines-6491896.php
Texte lu par la présidente, Josiane le Métayer :
On nous dit que le France accueille trop d’étrangers ! C’est faux. Par exemple, en 2020, 645.420 demandes d’asile de Syriens ont été traitées en Allemagne. En France 36.860 ! C’est 17 fois moins que l’Allemagne ! Cessez de nous raconter des histoires !
La loi sur l’immigration a tendance à criminaliser les migrants qui viennent sur notre territoire. S’il y a effectivement quelques faits qui le montrent, ne généralisons pas. Les migrants viennent tous en Europe pour de bonnes raisons politiques, sécuritaires, économiques, sociales ou culturelles. La décision de partir en exil est douloureuse, coûteuse et se prend quelques fois dans l’urgence pour sauver sa peau et son intégrité physique et psychique.
Notre association peut attester que toutes les familles rencontrées en Côtes d’Armor n’ont qu’un désir : pouvoir repartir à zéro, vivre en paix, avoir une vie normale et offrir une vie meilleure à leurs enfants. Si elles ne le peuvent pas et qu’elles vivent dans la précarité, c’est qu’elles en sont empêchées car elles n’ont pas d’autorisation de travail.
Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, les familles déboutées du droit d’asile n’ont droit à rien sauf, spécifiquement dans notre département, à une allocation départementale, accordée aux enfants de moins de 18 ans : 120 euros par mois et par enfant pendant 2 ans, puis 48 euros par mois et par enfant.
Elles n’ont droit à aucune allocation sociale comme on veut nous le faire croire. Elles n’ont pas droit à un logement social, même pas droit à l’accès à une assistante sociale. Elles sont presque invisibles pour nos institutions. Et la loi en discussion voudrait même supprimer ces allocations pour les migrants régularisés pendant 5 ans ! C’est une discrimination tellement intolérable et injuste que la Cour constitutionnelle d’ailleurs pourrait la retoquer.
La nouvelle loi vise également à durcir le regroupement familial pour abonder dans le sens de la droite et de l’extrême droite. C’est inutile car le regroupement familial ne représente que 16 % des titres de séjour attribués et que ce motif de régularisation est de toute façon en baisse.
La nouvelle loi ferait obligation d’attester de 8 mois de salaires sur 2 ans, mais comment est-ce possible si on n’a pas le droit de travailler ? L’État fabrique et va encore fabriquer davantage de délinquants. Par exemple, la Préfecture demande une promesse d’embauche dans le dossier de régularisation à une famille qui n’a pas d’autorisation de travail ! Quelle aberration et quel cynisme !
Pour finir, la nouvelle loi renforce le niveau de français pour régulariser les étrangers, mais comment apprendre le français dans de bonnes conditions quand cette tâche ne relève que de bénévoles pour les migrants en situation irrégulière ? Où sont les professeurs de Français Langue Étrangère dont nous avons besoin, pour relever le niveau de français ?
Cette nouvelle loi est inutile, elle vient durcir les conditions actuelles de régularisation. Elle criminalise les étrangers et ne résoudra en rien l’immigration qui est un phénomène mondial depuis l’an 2000 comme dit François Héran. « On s’aveugle en croyant que la France pourrait rester à l’écart d’un pareil mouvement. »